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LAVOISIER.

Mais si les monuments se taisent, l’univers nous redit sans cesse son nom. L’air, l’eau, la terre, les métaux, c’est lui qui nous en a fait connaître la nature. La combustion des corps, la respiration des animaux, la fermentation des matières organiques, c’est lui qui nous a révélé les lois et dévoilé les mystères.

Les hommes ne lui ont élevé aucun monument de bronze ou de marbre, mais il s’en est érigé lui-même un moins périssable : c’est la Chimie tout entière. Comme il domine, comme il maîtrise encore cette science ! Ne voyez-vous pas son ombre planer sur elle ? Ne la voyez-vous pas grandir, s’élever sans cesse, comme si chacun de nos efforts, chacune de nos découvertes, continuant son œuvre, devait tourner encore au profit de sa gloire ?

On vous a dit souvent : La théorie de Lavoisier est modifiée ; elle est renversée !

Erreur, Messieurs, erreur ! non, cela n’est pas vrai ! Lavoisier est intact, impénétrable, son armure d’acier n’est pas entamée.

Lavoisier a composé la monographie de l’oxygène. Plus tard, on a calqué sur elle la monographie du chlore, celle du soufre et successivement celle de tous les corps analogues. Et ces travaux, qu’on a quelquefois opposés aux siens, n’ont paru le combattre qu’alors qu’ils étaient mal compris.