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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

À leur tête se place le magicien des auteurs dramatiques, Roger Bacon, cordelier anglais, le premier écrivain chimiste que nous ayons eu en Europe. La lecture des ouvrages qu’il nous a laissés, et qu’il écrivit vers l’an 1230, porte à l’envisager comme un esprit très-remarquable. On est frappé à la fois de la netteté de ses connaissances et de leur universalité ; mais on regrette que sa crédulité lui fasse adopter de confiance des faits controuvés. Il possède les connaissances dont se composait la Mécanique d’alors ; il a sur la Physique des notions claires ; enfin si, quand il aborde les questions de Chimie, il n’était préoccupé de ses idées alchimiques, on serait étonné de la précision de quelques-unes de ses vues.

Il a composé un ouvrage d’un bon style, intitulé : Opus majus, dans lequel se fait remarquer surtout un chapitre sur l’art d’expérimenter. Il place l’expérience au plus haut degré possible dans l’échelle des connaissances humaines. C’est au moyen de cet art d’expérimenter, dit-il en terminant son Opus majus, que certains chimistes sont parvenus aux plus brillantes découvertes, et qu’il leur a été permis, par exemple, d’opérer la multiplication des métaux précieux et de découvrir le moyen de prolonger leur vie pendant plusieurs siècles. Mettez de côté cette idée chimérique, qu’il faut comprendre comme elle