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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

comment on tire parti de cette idée dans les applications que l’on en fait à la Chimie, et dans quelles bornes il faut la renfermer.

Ici, nous sommes forcés de sortir un peu du domaine de la Chimie, dont je ne m’éloigne qu’à regret, pour faire une rapide excursion dans celui de la Philosophie pure.

La première notion des atomes date d’environ 500 ans avant l’ère chrétienne. Vers cette époque, s’était formée en Grèce, à Élée, une école philosophique bien connue sous le nom d’École éléatique. Elle faisait sur la nature le raisonnement suivant :

La matière existe ; tout ce qui existe est matière. Mais faites disparaître la matière, que restera-t-il ? Ah ! qui peut le concevoir ?… Ce sera le néant, direz-vous, le vide, l’espace. Alors le néant existera. Or, s’il existe, c’est un être, c’est une matière, et la matière n’aura pas disparu. Le néant n’existe donc pas. Mais si le néant n’existe pas, la matière est partout, il n’y a pas de vide.

C’était, comme vous voyez, un jeu de mots roulant sur le mot néant, que l’on ne voulait admettre qu’à condition d’en faire un être et un être matériel. Prenant le raisonnement au sérieux, les disciples de l’École éléatique en développaient sans hésitation toutes les conséquences.

Puisqu’il n’y a pas de vide, disaient-ils, l’uni-