Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
ATOMES.

vers ne forme qu’un seul être homogène, qu’une masse continue. Le mouvement est donc impossible : car où loger un corps qui se déplacerait, tout l’espace étant rempli. Par conséquent, ajoutaient-ils, l’univers est immobile, immuable. Les êtres organisés ne peuvent pas naître, ils ne peuvent pas croître, ils ne peuvent pas mourir ni se décomposer.

Ainsi, vous le voyez, il faut admettre l’existence du vide, dont la nature échappe à notre conception, par la raison même que sa définition repose sur des idées négatives, ou bien rejeter complètement le témoignage des sens.

En pareil cas, un philosophe est capable de tout ; aussi l’École éléatique professait-elle gravement que l’univers était homogène, qu’il était continu, qu’il n’y avait aucun mouvement ; que les animaux et les plantes ne naissaient pas, n’engendraient pas, ne mouraient pas.

Qu’il y ait eu des gens qui se soient révoltés contre leurs raisonnements, en face de telles conséquences, cela ne vous surprendra pas. Aussi bientôt vit-on Leucippe s’élever contre eux, et, tenant le témoignage des sens pour quelque chose, essayer de rétablir l’existence du vide. Mais, en les combattant à si bon droit, il faut convenir qu’il employait de singuliers arguments, et que ses expériences mé-