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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

En définitive, on serait donc tenté, sinon d’adopter la théorie de Davy, du moins de demeurer indécis entre elle et celle de Lavoisier, s’il n’y avait pas d’objections graves à faire valoir contre la première. On a peine à trouver un moyen de l’attaquer, tant elle paraît bien établie, tant elle est rationnelle ! Elle semble, tout au contraire, simplifier beaucoup la Chimie. Avec elle, en effet, plus que des hydracides ; avec elle, rien que formules semblables pour tous les composés salins, ou plutôt plus de sels, rien que des binaires, les corps regardés comme sels devenant analogues au chlorure de sodium.

Cependant la réflexion nous fait reconnaître deux motifs tendant à faire repousser ce système, et deux motifs tellement puissants qu’ils me semblent décisifs.

En voici un d’abord : c’est qu’il faudrait admettre une multitude d’êtres que nous n’avons jamais vus, et que nous devons désespérer de voir, des acides persulfurique, perazotique, percarbonique, etc., dont les formules seraient SO4, Az2O6, C2O3, … En un mot, chaque oxacide supposera l’existence d’un autre composé renfermant une proportion d’oxygène de plus. Or, je le déclare, toutes les fois qu’une théorie exige l’intervention de corps inconnus, il faut s’en défier ; il faut lui donner son as-