Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
414
PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

ver nulle part ses opinions fondamentales nettement définies. Je suis forcé de vous demander de m’accorder assez de confiance pour croire que j’ai compris sa pensée principale. Voici comment, à mon avis, elle doit être exprimée.

Les corps ne peuvent agir les uns sur les autres qu’autant que leurs molécules sont amenées à une distance insensible ; mais, lorsqu’elles en sont là, ils agissent toujours les uns sur les autres. Prenez, par exemple, une dissolution de sulfate de potasse et ajoutez-y de l’acide azotique, ou bien prenez une dissolution d’azotate de potasse et ajoutez-y de l’acide sulfurique : dans les deux cas, aucun phénomène apparent ne se manifeste, et beaucoup de gens pourraient dire que les deux liqueurs se mêlent sans réagir chimiquement. Eh bien, suivant Berthollet, l’un ou l’autre de ces deux mélanges, renferme quatre corps différents, qui restent en dissolution, savoir : de l’acide azotique, de l’acide sulfurique, de l’azotate de potasse et du sulfate de potasse ; c’est-à-dire que les deux acides agissent à la fois sur la base et se la partagent proportionnellement à leurs quantités, ou plutôt, en rectifiant la pensée de Berthollet par une modification qu’il y eût certainement introduite s’il eût connu la théorie atomique, ils se partagent la base en raison du nombre de leurs atomes.