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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

Revenez dix ans plus tard, et vous trouverez la rue Galande déserte. Lémery a disparu ; son laboratoire est fermé ; ses appareils sont vendus et dispersés. Toute cette vie s’est éteinte, tout cet éclat s’est évanoui ; toute cette gloire n’a pas trouvé grâce pour un crime irrémissible : Lémery était protestant !

En 1681, obligé d’abandonner sa pharmacie et son enseignement, il s’enfuit en Angleterre. Pressé par le désir de rentrer dans sa patrie, il revient en France en 1683. Exclu, pour ses croyances religieuses, de l’enseignement et de l’exercice de la Pharmacie, il se fait recevoir médecin, dernier refuge qu’il ne conserva pas longtemps. En 1685, l’édit de Nantes est révoqué ; l’exercice de la Médecine est interdit aux protestants, et le voilà, à quarante ans, sans fonctions, sans ressources, la misère à sa porte, et entouré d’une famille éplorée, à qui semblait naguère promis le sort le plus digne d’envie.

Hélas ! quelle religion pourrait s’applaudir de l’emploi de tels moyens de conviction ? Hélas ! que d’autres, s’ils le veulent, viennent l’accabler de dures paroles, quand on le voit, en 1686, réduit aux abois, embrasser le catholicisme, lui et les siens.

Dès lors, son existence redevint calme, et il reprit tous ses droits. Peu après, il publia sa Pharmacopée