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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

nous quelque peine à saisir l’idée précise qu’il se faisait du phlogistique, et quand on cherche à y parvenir il ne faut pas se contenter de la lecture de ses ouvrages, il faut consulter aussi ceux de ses élèves. Ses opinions y prennent une forme plus nette et plus arrêtée. Sous ce point de vue, il faut remarquer le Traité, fort bienfait d’ailleurs, de Juncker, publié en 1730 et intitulé : Conspectus Chemiæ in formâ tabularum in quibus corporum principia, etc. È dogmatibus Becheri et Stahli potissimùm explicantur. À une époque très-voisine de nous, Berthollet nous offrira l’occasion de renouveler cette remarque, car ses idées ne prennent une forme claire que dans les écrits de ses élèves.

La notion de poids n’entre donc pour rien dans l’esprit de Stahl, quand il s’agit de Chimie : la notion de forme est son seul guide. C’est là ce qui constitue la différence essentielle qu’il y a entre lui et Lavoisier. L’un n’a pris en considération, dans les explications qu’il a données, que le changement de forme et d’aspect des corps brûlés ; le second a eu égard à la fois au changement de forme et au changement de poids. Et quand on dit, à la gloire de la doctrine de Stahl, qu’elle a suffi pendant près d’un siècle aux besoins de la Science, il est indispensable d’ajouter qu’elle a suffi, tant que les chimistes n’ont tenu compte que des phénomènes sur