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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

terre, eût au contraire une tendance à s’en éloigner : il fallait qu’il eût un poids négatif. À l’aide de cet expédiant, on expliquait comment la combinaison du phlogistique avec les autres corps les rendait plus légers : car leur poids véritable devait être diminué d’une quantité égale au poids négatif du phlogistique qui s’y trouvait uni.

Au reste, parmi les chimistes de cette époque, il s’en trouvait beaucoup, et Guyton-Morveau, par exemple, qui se contentaient à meilleur marché encore. En effet, ce dernier voyait dans le phlogistique une matière plus légère que l’air, qui, s’ajoutant aux corps, les rendait plus légers en apparence quand on les pesait dans l’air, tout comme ces vessies qui, ajoutées au corps du nageur, augmentent son poids absolu, mais diminuent sa densité de manière à le faire surnager sur l’eau. Guyton-Morveau n’avait pas compris la question, car, à ce compte, l’augmentation de poids eût été accompagnée d’une diminution de volume. C’est ainsi qu’un aéronaute qui, dans sa nacelle avec son ballon, s’élève dans les airs, parce que l’ensemble est plus léger que l’air, semble devenir plus lourd, quand il se sépare de son ballon pour descendre en parachute. En faisant abstraction du volume, on dirait donc que pour monter il ajoute à son poids celui de son ballon ; que pour descendre, au contraire, il soustrait ce même poids. Voilà