Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/184

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gigantesque dont vous me paraissez assez chaud partisan.

— C’est le seul moyen de faire de l’Italie un État fort, indépendant et heureux, répondit l’abbé.

— Cela est possible, répondit l’inspecteur, mais je ne suis pas venu ici pour faire avec vous un cours de politique ultramontaine, mais pour vous demander, ce que j’ai déjà fait, si vous avez quelques réclamations à faire sur la manière dont vous êtes nourri et logé.

— La nourriture est ce qu’elle est dans toutes les prisons, répondit l’abbé, c’est-à-dire fort mauvaise ; quant au logement, vous le voyez, il est humide et malsain, mais néanmoins assez convenable pour un cachot. Maintenant ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais bien de révélations de la plus haute importance et du plus haut intérêt que j’ai à faire au gouvernement.

— Nous y voici, dit tout bas le gouverneur à l’inspecteur.

— Voilà pourquoi je suis si heureux de vous voir, continua l’abbé, quoique vous m’ayez dérangé dans un calcul fort important, et qui, s’il réussit, changera peut-être le système de Newton. Pouvez-vous m’accorder la faveur d’un entretien particulier ?

— Hein ! que disais-je ? fit le gouverneur à l’inspecteur.

— Vous connaissez votre personnel, répondit ce dernier souriant. Puis, se retournant vers Faria :

— Monsieur, dit-il, ce que vous me demandez est impossible.

— Cependant, Monsieur, reprit l’abbé, s’il s’agissait de faire gagner au gouvernement une somme énorme, une somme de cinq millions, par exemple ?

— Ma foi, dit l’inspecteur en se retournant à son tour vers le gouverneur, vous aviez prédit jusqu’au chiffre.