Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/216

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— Au lieu de signer…

— Je viens vous rejoindre et nous fuyons ; mais d’ici là, ne tentons pas Dieu, Morrel ; ne nous voyons pas : c’est un miracle, c’est une providence que nous n’ayons pas encore été surpris ; si nous étions surpris, si l’on savait comment nous nous voyons, nous n’aurions plus aucune ressource.

— Vous avez raison, Valentine ; mais comment savoir…

— Par le notaire, M. Deschamps.

— Je le connais.

— Et par moi-même. Je vous écrirai, croyez-le donc bien. Mon Dieu ! ce mariage, Maximilien, m’est aussi odieux qu’à vous !

— Bien, bien ! merci, ma Valentine adorée, reprit Morrel. Alors tout est dit, une fois que je sais l’heure, j’accours ici, vous franchissez ce mur dans mes bras : la chose vous sera facile ; une voiture vous attendra à la porte de l’enclos, vous y montez avec moi, je vous conduis chez ma sœur ; là, inconnus si cela vous convient, faisant éclat si vous le désirez, nous aurons la conscience de notre force et de notre volonté, et nous ne nous laisserons pas égorger comme l’agneau qui ne se défend qu’avec ses soupirs.

— Soit, dit Valentine ; à votre tour je vous dirai : Maximilien, ce que vous ferez sera bien fait.

— Oh !

— Eh bien ! êtes-vous content de votre femme ? dit tristement la jeune fille.

— Ma Valentine adorée, c’est bien peu dire que dire oui.

— Dites toujours.

Valentine s’était approchée, ou plutôt avait approché