Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/247

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fois, mais elles se réveillent plus fortes qu’avant de s’endormir. »


— Il paraît, dit Albert, que pour lui les hommes sont comme les idées ; seulement une chose m’inquiète, c’est de savoir comment Franz d’Épinay s’accommodera d’un grand beau-père qui ne peut se passer de sa femme ; mais où est-il, Franz ?

— Mais il est dans la première voiture, avec M. de Villefort, qui le considère déjà comme étant de la famille.

Dans chacune des voitures qui suivaient le deuil, la conversation était à peu près pareille ; on s’étonnait de ces deux morts si rapprochées et si rapides, mais dans aucune on ne soupçonnait le terrible secret qu’avait, dans sa promenade nocturne, révélé M. d’Avrigny à M. de Villefort.

Au bout d’une heure de marche à peu près, on arriva à la porte du cimetière : il faisait un temps calme, mais sombre, et par conséquent assez en harmonie avec la funèbre cérémonie qu’on y venait accomplir. Parmi les groupes qui se dirigèrent vers le caveau de famille, Château-Renaud reconnut Morrel, qui était venu tout seul et en cabriolet ; il marchait seul, très pâle et silencieux, sur le petit chemin bordé d’ifs.

— Vous ici ! dit Château-Renaud en passant son bras sous celui du jeune capitaine ; vous connaissez donc M. de Villefort ? Comment se fait-il donc, en ce cas, que je ne vous aie jamais vu chez lui ?

— Ce n’est pas M. de Villefort que je connais, répondit Morrel, c’est madame de Saint-Méran que je connaissais.

En ce moment, Albert les rejoignit avec Franz.

— L’endroit est mal choisi pour une présentation, dit Albert ; mais n’importe, nous ne sommes pas supersti-