Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/248

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tieux. Monsieur Morrel, permettez que je vous présente M. Franz d’Épinay, un excellent compagnon de voyage avec lequel j’ai fait le tour de l’Italie. Mon cher Franz, M. Maximilien Morrel, un excellent ami que je me suis acquis en ton absence, et dont tu entendras revenir le nom dans ma conversation toutes les fois que j’aurai à parler de cœur, d’esprit et d’amabilité.

Morrel eut un moment d’indécision. Il se demanda si ce n’était pas une condamnable hypocrisie que ce salut presque amical adressé à l’homme qu’il combattait sourdement ; mais son serment et la gravité des circonstances lui revinrent en mémoire : il s’efforça de ne rien laisser paraître sur son visage, et salua Franz en se contenant.

— Mademoiselle de Villefort est bien triste, n’est-ce pas ? dit Debray à Franz.

— Oh ! monsieur, répondit Franz, d’une tristesse inexprimable ; ce matin elle était si défaite que je l’ai à peine reconnue.

Ces mots si simples en apparence brisèrent le cœur de Morrel. Cet homme avait donc vu Valentine, il lui avait donc parlé ?

Ce fut alors que le jeune et bouillant officier eut besoin de toute sa force pour résister au désir de violer son serment.

Il prit le bras de Château-Renaud et l’entraîna rapidement vers le caveau, devant lequel les employés des pompes funèbres venaient de déposer les deux cercueils.

— Magnifique habitation, dit Beauchamp en jetant les yeux sur le mausolée ; palais d’été, palais d’hiver. Vous y demeurerez à votre tour, mon cher d’Épinay, car vous voilà bientôt de la famille. Moi, en ma qualité de philosophe, je veux une petite maison de campagne, un cottage là-bas sous les arbres, et pas tant de pierres de