Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/285

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fille à un homme qui l’aime et non à un homme qui ne l’aime pas. Voyez celui-ci, froid comme un marbre, orgueilleux comme son père ; s’il était riche encore, s’il avait la fortune des Cavalcanti, on passerait par là-dessus. Ma foi, je n’ai pas consulté ma fille ; mais si elle avait bon goût…

— Oh ! dit Monte-Cristo, je ne sais si c’est mon amitié pour lui qui m’aveugle, mais je vous assure, moi, que M. de Morcerf est un jeune homme charmant, là, qui rendra votre fille heureuse et qui arrivera tôt ou tard à quelque chose ; car enfin la position de son père est excellente.

— Hum ! fit Danglars.

— Pourquoi ce doute ?

— Il y a toujours le passé… ce passé obscur.

— Mais le passé du père ne regarde pas le fils.

— Si fait, si fait !

— Voyons, ne vous montez pas la tête ; il y a un mois, vous trouviez excellent de faire ce mariage… Vous comprenez, moi je suis désespéré : c’est chez moi que vous avez vu ce jeune Cavalcanti, que je ne connais pas, je vous le répète.

— Je le connais, moi, dit Danglars, cela suffit.

— Vous le connaissez ? Avez-vous donc pris des renseignements sur lui ? demanda Monte-Cristo.

— Est-il besoin de cela, et à la première vue ne sait-on pas à qui on a affaire ? Il est riche d’abord.

— Je ne l’assure pas.

— Vous répondez pour lui, cependant ?

— De cinquante mille livres, d’une misère.

— Il a une éducation distinguée.

— Hum ! fit à son tour Monte-Cristo.

— Il est musicien.