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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/199

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Monte-Cristo ne put tenir à cette preuve d’affection, et ce ne fut point la main qu’il tendit au jeune homme, mais ses deux bras qu’il lui ouvrit.

— Morrel, lui dit-il d’une voix émue, c’est un beau jour pour moi que celui où je me sens aimé d’un homme comme vous. Bonjour, monsieur Emmanuel. Vous venez donc avec moi, Maximilien ?

— Pardieu ! dit le jeune capitaine, en aviez-vous douté ?

— Mais cependant si j’avais tort…

— Écoutez, je vous ai regardé hier pendant toute cette scène de provocation, j’ai pensé à votre assurance toute cette nuit, et je me suis dit que la justice devait être pour vous, ou qu’il n’y avait plus aucun fond à faire sur le visage des hommes.

— Cependant, Morrel, Albert est votre ami.

— Une simple connaissance, comte.

— Vous l’avez vu pour la première fois le jour même que vous m’avez vu ?

— Oui, c’est vrai ; mais que voulez-vous ? il faut que vous me le rappeliez pour que je m’en souvienne.

— Merci, Morrel.

Puis, frappant un coup sur le timbre.

— Tiens, dit-il à Ali qui apparut aussitôt, fais porter cela chez mon notaire. C’est mon testament, Morrel. Moi mort, vous irez en prendre connaissance.

— Comment ! s’écria Morrel, vous mort ?

— Eh ! ne faut-il pas tout prévoir, cher ami ? Mais qu’avez-vous fait hier après m’avoir quitté ?

— J’ai été chez Tortoni, où, comme je m’y attendais, j’ai trouvé Beauchamp et Château-Renaud. Je vous avoue que je les cherchais.

— Pourquoi faire, puisque tout cela était convenu ?

— Écoutez, comte, l’affaire est grave, inévitable.