Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/203

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puis, s’arrachant de cette maison, doux nid dont le bonheur était l’hôte, il attira derrière lui d’un signe Maximilien, passif, insensible et consterné comme il l’était depuis la mort de Valentine.

— Rendez la joie à mon frère ! dit Julie à l’oreille de Monte-Cristo.

Monte-Cristo lui serra la main comme il la lui avait serrée onze ans auparavant sur l’escalier qui conduisait au cabinet de Morrel.

— Vous fiez-vous toujours à Simbad le marin ? lui demanda-t-il en souriant.

— Oh ! oui.

— Eh bien, donc, endormez-vous dans la paix et dans la confiance du Seigneur.

Comme nous l’avons dit, la chaise de poste attendait ; quatre chevaux vigoureux hérissaient leurs crins et frappaient le pavé avec impatience.

Au bas du perron, Ali attendait, le visage luisant de sueur ; il paraissait arriver d’une longue course.

— Eh bien, lui demanda le comte en arabe, as-tu été chez le vieillard ?

Ali fit signe que oui.

— Et tu lui as déployé la lettre sous les yeux, ainsi que je te l’avais ordonné ?

— Oui, fit encore respectueusement l’esclave.

— Et qu’a-t-il dit, ou plutôt qu’a-t-il fait ?

Ali se plaça sous la lumière, de façon que son maître pût le voir, et, imitant avec son intelligence si dévouée la physionomie du vieillard, il ferma les yeux comme faisait Noirtier lorsqu’il voulait dire : Oui.

— Bien, il accepte, dit Monte-Cristo ; partons !

Il avait à peine laissé échapper ce mot, que déjà la voiture roulait et que les chevaux faisaient jaillir du pavé