Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/239

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— Cinq à six millions, n’est-ce pas ?

— Oui ; tu sais le chiffre ?

— Sur un reçu de son Excellence le comte de Monte-Cristo.

— Tu connais le comte ?

— Et dont on l’a crédité sur Rome, Venise et Vienne.

— C’est cela ! s’écria le commis ; comment es-tu si bien informé ?

— Je t’ai dit que nous avions été prévenus à l’avance.

— Alors, pourquoi t’adresses-tu à moi ?

— Pour être sûr que c’est bien l’homme à qui nous avons affaire.

— C’est bien lui… cinq millions. Une jolie somme, hein ! Peppino ?

— Oui.

— Nous n’en aurons jamais autant.

— Au moins, répondit philosophiquement Peppino, en aurons-nous quelques bribes.

— Chut ! Voici notre homme.

Le commis reprit sa plume, et Peppino son chapelet ; l’un écrivait, l’autre priait quand la porte se rouvrit.

Danglars apparut radieux, accompagné par le banquier, qui le reconduisit jusqu’à la porte.

Derrière Danglars descendit Peppino.

Selon les conventions, la voiture qui devait rejoindre Danglars attendait devant la maison Thomson et French. Le cicerone en tenait la portière ouverte : le cicerone est un être très complaisant et qu’on peut employer à toute chose.

Danglars sauta dans la voiture, léger comme un jeune homme de vingt ans.

Le cicérone referma la portière et monta près du cocher.