Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/61

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Marcotte alors, sur l’ordre de son maître, descendit de cheval et essaya d’en revoir.

Les valets de chiens s’en mêlèrent et secondèrent les recherches de Marcotte.

On ne revit rien.

Mais Engoulevent, qui tenait énormément à ce que l’on sonnât l’hallali de l’animal qu’il avait détourné, Engoulevent s’en mêla et chercha de son côté.

Chacun cherchait, criant et animant les chiens, lorsque au-dessus de toutes les voix on entendit, bruyante comme la tempête, la voix du baron.

– Mille noms d’un diable ! hurlait-il, les chiens sont donc tombés dans un trou, Marcotte ?

– Non, monseigneur, les voici ; mais ils sont à bout de voie.

– Comment, à bout de voie ? s’écria le baron.

– Que voulez-vous, monseigneur ! Je n’y comprends rien, mais c’est comme cela.

– À bout de voie ? reprit le baron ; à bout de voie ici, en pleine forêt, là où il n’y a ni ruisseau où la bête ait rusé, ni rocher qu’elle ait escaladé ? Mais tu es fou, Marcotte !

– Moi, fou, monseigneur ?

– Oui, toi, fou, aussi vrai que les chiens sont des rosses !

Marcotte supportait d’ordinaire avec une patience admirable les injures dont le baron était fort prodigue envers tout le monde dans les moments critiques de la chasse. Mais cette épithète de rosses, appliquée à ses chiens, le fit sortir de sa longanimité habituelle, et, se redressant de toute sa hauteur :

– Comment ! monseigneur, des rosses ? reprit-il avec véhémence. — Mes chiens, des rosses ! eux qui ont porté bas un vieux loup après un laissez-courre si furieux, que votre meilleur cheval en a crevé ! Mes chiens, des rosses !