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Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/252

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OTHON L’ARCHER


VII


Huit jours après les événements que nous avons racontés dans notre dernier chapitre, et au moment où le prince Adolphe de Clèves allait se lever de table, on annonça qu’un héraut du comte de Ravenstein venait d’entrer dans la cour du château, apportant les défiances de son maître. Le prince se tourna vers sa fille avec une expression dans laquelle se mêlaient d’une manière profonde la tendresse et le reproche. Héléna rougit et baissa les yeux ; puis, après un moment de silence, le prince ordonna que le messager fût introduit.

Le héraut entra ; c’était un noble jeune homme, vêtu aux couleurs du comte et portant ses armes sur la poitrine ; il salua profondément le prince, et, avec une voix à la fois pleine de fermeté et de courtoisie, il accomplit sa mission de guerre.

Le comte de Ravenstein, sans indiquer les motifs de sa déclaration, défiait le prince Adolphe partout où il pourrait le rencontrer, soit seul à seul, soit vingt contre vingt, soit armée contre armée, de jour ou de nuit, sur la montagne ou dans la plaine.

Le prince écouta les défiances du comte, assis et couvert ; puis, lorsqu’elles furent faites, il se leva, prit sur une stalle, où il était jeté, son propre manteau de velours