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OTHON L’ARCHER

doublé d’hermine, l’ajusta sur les épaules du héraut, détacha une chaîne d’or de son cou, la passa à celui du messager, et recommanda qu’on lui fît faire grande chère, afin qu’il quittât le château en disant que, chez le prince Adolphe de Clèves, un défi de guerre était reçu comme une invitation de fête.

Cependant le prince, sous cette apparente tranquillité, cachait une inquiétude profonde. Il était arrivé à cet âge où l’armure commence à peser aux épaules du guerrier. Il n’avait ni fils ni neveu à qui confier la défense de sa querelle ; des amis seulement, parmi lesquels, au milieu de ces temps de trouble où chacun avait affaire, soit pour son propre compte, soit pour la cause de l’empereur, il ne se dissimulait pas qu’il obtiendrait difficilement, non pas sympathie, mais secours. Il n’en envoya pas moins de tous côtés des lettres qui en appelaient aux alliances et aux amitiés. Puis il s’occupa activement de réparer son château, d’en fortifier les endroits faibles et d’y faire entrer le plus de vivres possible.

De son côté, le comte de Ravenstein avait mis à profit les huit jours d’avance qu’il avait eus sur son adversaire. Aussi, quelques jours après le message reçu, et avant que les alliés du prince de Clèves eussent eu le temps d’arriver à son secours, on entendit tout à coup une voix qui criait : « Aux armes ! » Cette voix était celle d’Othon, qui se trouvait de garde sur les