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Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/85

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LES FRÈRES CORSES

Juste en face de la porte de l’église, ils s’arrêtèrent à quatre pas l’un de l’autre, à peu près.

Si, trois jours auparavant, ces deux hommes se fussent rencontrés à cent pas de distance, l’un des deux serait bien certainement resté sur la place.

Il se fit pendant cinq minutes, non-seulement dans les deux groupes, mais encore dans toute la foule, un silence qui, malgré le but conciliateur de la cérémonie, n’avait rien de pacifique.

Alors M. le maire prit la parole.

— Eh bien, dit-il, Colona, ne savez-vous pas que c’est à vous de parler le premier ?

Colona fit un effort sur lui-même, et prononça quelques mots en patois corse.

Je crus comprendre qu’il exprimait son regret d’avoir été dix ans en vendette avec son bon voisin Orlandi, et qu’il lui offrait en réparation la poule blanche qu’il tenait à la main.

Orlandi attendit que la phrase de son adversaire fût bien nettement terminée, et répondit par quelques autres mots corses qui étaient de sa part la promesse de ne se souvenir de rien que de la réconciliation solennelle qui avait lieu sous les auspices de M. le maire, sous l’arbitrage de M. Lucien, et sous la rédaction de M. le notaire.

Puis tous deux gardèrent de nouveau le silence.

— Eh bien, messieurs, dit le maire, il était con-