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LES FRÈRES CORSES

venu, ce me semble, qu’on se donnerait la main

Par un mouvement instinctif, les deux ennemis portèrent leurs mains derrière leur dos.

Le maire descendit la marche sur laquelle il était monté, alla chercher derrière son dos la main de Colona, revint prendre derrière le sien la main d’Orlandi ; puis, après quelques efforts qu’il essayait de dissimuler à ses administrés sous un sourire, il parvint à joindre les deux mains.

Le notaire saisit le moment, il se leva et lut, tandis que le maire tenait toujours ferme les deux mains, qui firent d’abord ce qu’elles purent pour se dégager, mais qui enfin se résignèrent à rester l’une dans l’autre :

« Par-devant nous, Giuseppe-Antonio Sarrola, notaire royal à Sullacaro, province de Sartène,

« Sur la grande place du village, en face de l’église, en présence de M. le maire, des parrains et de toute la population ;

« Entre Gaelano-Orso Orlandi, dit Orlandini ;

« Et Marco-Vincenzio Colona, dit Schioppone ;

« A été arrêté solennellement ce qui suit :

« À partir de ce jourd’hui, 4 mars 1841, la vendette déclarée depuis dix ans entre eux cessera.

« À partir du même jour, ils vivront ensemble en bons voisins et compères, comme vivaient leurs parents avant