Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/149

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— Je désire que Votre Majesté me donne le commandement de ces quarante-cinq gentilshommes.

— Comment ! dit le roi stupéfait, tu veux marcher devant moi, derrière moi ? tu veux te dévouer à ce point ? tu veux être capitaine des gardes ?

— Non pas, non pas, sire.

— À la bonne heure ; que veux-tu donc, alors ? parle.

— Je veux que ces gardes, mes compatriotes, comprennent mieux mon commandement que celui de tout autre ; mais je ne les précéderai ni ne les suivrai : j’aurai un second moi-même.

— Il y a encore quelque chose là-dessous, pensa Henri en secouant la tête ; ce diable d’homme donne toujours pour avoir.

Puis tout haut :

— Eh bien, soit ; tu auras ton commandement.

— Secret ?

— Oui. Mais qui donc sera officiellement le chef de mes quarante-cinq ?

— Le petit Loignac.

— Ah ! tant mieux !

— Il agrée à Votre Majesté ?

— Parfaitement.

— Est-ce arrêté ainsi, sire ?

— Oui, mais…

— Mais ?…

— Quel rôle joue-t-il près de toi, ce Loignac ?

— Il est mon d’Épernon, sire.

— Il te coûte cher alors, grommela le roi.

— Votre Majesté dit ?…

— Je dis que j’accepte.

— Sire, je vais chez le trésorier de l’épargne chercher les quarante-cinq bourses.

— Ce soir ?

— Ne faut-il pas que nos hommes les trouvent demain sur leurs chaises ?