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XXX

SAINTE-MALINE.


Ernauton ne s’était point trompé, l’homme désigné était bien Chicot.

Il avait, de son côté, bonne vue et bonne oreille ; il avait vu et entendu les cavaliers de fort loin.

Il s’était douté que c’était à lui qu’ils avaient affaire, de sorte qu’il les attendait.

Quand il n’eut plus aucun doute à cet égard, et qu’il eut vu que les deux cavaliers se dirigeaient bien vers lui, il posa sans affectation sa main sur la poignée de sa longue épée, comme pour prendre une attitude noble.

Ernauton et Sainte-Maline se regardèrent tous deux une seconde, muets tous deux.

— À vous, Monsieur, si vous le voulez bien, dit en s’inclinant Ernauton à son adversaire ; car, en cette circonstance, le mot adversaire est plus convenable que celui de compagnon.

Sainte-Maline fut suffoqué ; la surprise de cette courtoisie lui serrait la gorge, il ne répondit qu’en baissant la tête.

Ernauton vit qu’il gardait le silence, et prit alors la parole.

— Monsieur, dit-il à Chicot, nous sommes, Monsieur et moi, vos serviteurs.