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vaient pas tourner le mur d’enceinte, dans l’espérance assez bien fondée d’y trouver quelque brèche, et, par cette brèche, d’entrer dans Paris sans avoir besoin de se présenter plus longtemps à la porte Saint-Antoine ou à aucune autre.

Robert Briquet, en philosophe qui analyse, et en savant qui extrait la quintessence, Robert Briquet, disons-nous, s’aperçut que tout ce dénoûment de la scène que nous venons de raconter allait se faire près de la porte, et que les conversations particulières des cavaliers, des bourgeois et des paysans ne lui apprendraient plus rien.

Il s’approcha donc le plus qu’il put d’une petite baraque qui servait de loge au portier et qui était éclairée par deux fenêtres, l’une s’ouvrant sur Paris, l’autre sur la campagne.

À peine était-il installé à ce nouveau poste, qu’un homme, accourant de l’intérieur de Paris au grand galop de son cheval, sauta à bas de sa monture, et, entrant dans la loge, apparut à la fenêtre.

— Ah ! ah ! fit de Loignac.

— Me voici, monsieur de Loignac, dit cet homme.

— Bien ; d’où venez-vous ?

— De la porte Saint-Victor.

— Votre bordereau ?

— Cinq.

— Les cartes ?

— Les voici.

De Loignac prit les cartes, les vérifia, et écrivit sur une ardoise qui paraissait avoir été préparée à cet effet, le chiffre 5.

Le messager partit.

Cinq minutes ne s’étaient point écoulées que deux autres messagers arrivaient.

De Loignac les interrogea successivement, et toujours à travers son guichet.

L’un venait de la porte Bourdelle, et apportait le chiffre 4.

L’autre de la porte du Temple, et annonçait le chiffre 6.

De Loignac écrivit avec soin ces chiffres sur son ardoise.