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tation de cinquante pour cent insérée dans ces nouveaux titres, malgré toutes les réclamations contre. C’est une affreuse tyrannie !

Presque partout les Seigneurs abusent de ce droit. À la passation des titres-nouvels, dans la Seigneurie de Beauharnois, par exemple, on s’est plaint généralement de l’exaction de rentes plus élevées, et auxquelles il a fallu se soumettre dans l’impossibilité d’obtenir justice pour améliorer sa condition.

À la fantaisie des Seigneurs, dans les Seigneuries de Léry, de Longueuil et de Laprairie, comme il en a été ailleurs, quand il a plu au Seigneur, les terres ont été chaînées par leurs ordres afin de faire passer des titres-nouvels et exiger que les censitaires payent l’arpenteur et le coût de ces titres.

Presque partout les Seigneurs refusent de concéder des terres avantageusement situées, sous le prétexte que ces terres sont d’un très grand prix, qu’elles devront augmenter de valeur dans quelques années ; et ils ne se décident à les concéder qu’au moyen d’un bonus exigé préalablement.

Dans la Seigneurie de Lacolle, E. Henry a été obligé de payer pour obtenir une concession de deux lots de terre, 25 louis par lot ; Robert Hoyle a payé ce même bonus, et l’augmentation de cinquante pour cent de rente annuelle. James Brisbane a payé 100 louis ; Berry a aussi payé 100 louis. Nous pourrions citer de nombreux cas semblables dans d’autres Seigneuries, mais nous croyons avoir assez mentionné pour faire ressortir le hideux de la conduite de certains Seigneurs et de leurs agents.

Quant aux domaines, quelquefois de très grande étendue de terre, que les Seigneurs se sont réservés, sans droit, non-seulement ils ne veulent pas les concéder, mais encore ils forcent les habitants à entretenir, à leurs propres frais, les clôtures et les cours d’eau.