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iv

malheureuse contrée. Le système féodal, existant actuellement au Canada ne doit pas subsister sous un gouvernement libéral. La justice réclame, avec l’abolition des droits et des priviléges Seigneuriaux, qu’une juste indemnité soit accordée aux Seigneurs dépossédés des droits qui leur ont été garantis.

Il est vraiment pénible de penser qu’au Canada l’agriculteur est obligé de payer une rente annuelle, de faire moudre son blé au moulin du Seigneur, qui en retient la quatorzième partie, et qui la fait même payer si le censitaire va faire moudre son blé ailleurs qu’au moulin banal ; il est obligé de réparer les grandes routes et les chemins de traverses qui passent sur ses terres, d’en faire de nouveaux en y participant ; il est obligé aux lods et ventes, qui constituent une bonne partie du revenu du Seigneur, lui rapportant la douzième partie de l’acquisition de chaque propriété vendue dans sa Seigneurie, et dont les mutations lui font percevoir, tous les quinze à vingt ans, le douzième de la valeur de toutes les propriétés.

Outre ces charges, le Seigneur a le droit de retrait, ou le privilége de préemption, d’après la plus haute enchère, dans l’espace de quarante jours ; il peut faire couper et prendre, sans indemnité, les bois de construction et les pierres à chaux dans l’enceinte de sa Seigneurie, pour son usage, quelquefois pour l’usage de ses fermiers, et pour l’utilité publique ; il peut s’emparer des terrains à sa commodité pour la construction de moulins ; il peut exiger des corvées ; il perçoit une dîme de tout le poisson pris dans les