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Page:Dumont - Éloge de Malesherbes, 1821.djvu/30

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Que la crainte sur-tout n’a jamais entravée ;
Un homme qui chargé d’un éminent pouvoir
Déploie dans ses loisirs un immense savoir,
Et ce savoir enfin l’employant à répandre
Ce que l’humanité peut jamais en attendre ;
Un esprit au-dessus de tous les préjugés,
Qui voulut toujours voir les abus corrigés ;
Un homme qui suivit avec persévérance
Les plans qui demandaient la plus grande constance ;
Un personnage exempt de toute ambition,
Toujours innaccessible à la prévention ;
Un homme modéré dans la haute fortune,
Montrant dans les revers une ame peu commune.
En disgrace, en faveur, toujours prêt à servir
Son Prince et son état, sans nul autre désir
Que celui d’être utile au bonheur de la France,
Dût-on n’en conserver nulle reconnaissance.
Enfin l’un des mortels que l’être souverain
Forme pour faire honneur à tout le genre humain.
C’est là certainement la fidèle peinture.
De l’homme que combla de ses dons la nature.

Ô France ! as-tu donc pu ce grand homme immoler,
Lui qui de tes malheurs voulait te consoler,
Lui qui veilla toujours pour calmer ta souffrance,
Et qu’animait pour toi l’active bienfaisance ?
France, tu n’étais pas maîtresse de ton sort,
Un tribunal sanglant condamnait à la mort
Quiconque déplaisait à son affreux régime,
Et toujours devant lui la vertu fut un crime.
D’innombrables humains, stupéfaits, attérés,