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BAAL

ment, ce que j’avais vu n’était pas douteux. Non plus la parfaite concordance des réalités et des explications de Palmyre. Elle me semblait pourtant obéir à une étrange sentimentalité anthropomorphique lorsqu’elle donnait une identité, une personnalité au « démon de perversité » qu’elle nommait Baal.

Le propre de toutes méditations sur l’occultisme c’est comme en religion, — que sans une croyance préliminaire, sans un acte de foi sur lequel on puisse ensuite bâtir, tout apparaît de fantaisie. Plus l’édifice mental qu’on construit est équilibré, moins on y croit.

C’est comme les châteaux moyen-âgeux que Gustave Doré prodigue dans son illustration de Rabelais. Ils sont d’autant plus agréables à contempler qu’on est certain de leur impossibilité architecturale, mais encore est-on incapable de dire là où commence cette impossibilité. Toutefois, ce qui me passionnait, c’était les deux époux amoureux et hostiles qui devaient venir le lendemain après-midi chez Palmyre, à une demi-heure d’intervalle. Que ferait-elle d’eux ? J’étais anxieuse de le savoir et quoique certaine qu’elle put agir sur les âmes et les sens de ce couple, je n’arrivais pas à concevoir ce qu’elle pourrait réaliser. Elle