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SAMECH

ne possédait pas — du moins ne me l’avait-elle pas dit — de moyens d’action pour modifier une personnalité. Ces-gens avaient une façon contradictoire de s’aimer. Il faudrait qu’elle pût changer quelque chose en leurs cerveaux si elle voulait qu’ils vécussent ensemble une nouvelle vie. Ferait-elle cela ?

J’allai me promener, le soir venu, au Bois de Boulogne. Cette promenade a mauvaise renommée, mais pourtant quoiqu’elle me fut familière, je n’y avais jusqu’à ce jour jamais rien vu de fâcheux. Des amants qui s’appliquaient, des amoureux en train de se le prouver et des indifférents en voie de se faire amoureux. On voit ça dans toutes les villes du monde, et même dans la prude Angleterre. Le promeneur n’a qu’à laisser autrui goûter en paix son divertissement.

Mais ce soir-là, je fus gênée, sitôt franchie la porte de l’Avenue du Bois, par la sensation aiguë et hostile d’une présence à mon côté.

Devant, derrière, à gauche ou à droite, je n’aurais pu préciser où cela était. Et d’ailleurs mon idée coïncidait avec les bruits de pas, légers ou lourds, furtifs ou provocants, dont je ne voyais point les auteurs qui me côtoyaient. Je fus bientôt en un taillis où nul son ne me