Aller au contenu

Page:Dunan - Kaschmir, Jardin du bonheur, 1925.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

62
KASCHMIR, JARDIN DU BONHEUR

longé en terrasse fleurie. Le sol était couvert de tapis. Pas un siège, mais tout un mobilier d’Hindou richissime, et des tables basses recouvertes de bibelots d’or.

J’entrai. Derrière moi la porte fut close d’un coup violent. La prudence me commandait de tout attendre, de tout espérer et de tout craindre, je devais donc mesurer mes gestes et mes pas comme mes paroles. Je m’assis aussitôt à terre, sans regarder le dehors, si tentant pourtant et empli de lumière, où la vie s’agitait. Je fus au pied d’une table laquée. Là, jambes repliées, muet, j’attendis, allongeant les bras sur mes cuisses comme un Bouddha. Je devais, immobile, sembler un brahmine inspiré. Le lac s’étendait devant moi, semé de ses petits îlots fleuris. De ce côté, rien n’indiquait que je fusse prisonnier, tant la liberté paraissait proche. Mais en Orient, il faut se méfier des apparences.

Soudain derrière moi, sans qu’aucune