Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/150

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poème, en signalant les astres qui, dans le zodiaque et hors le zodiaque, déterminent l’époque du temps qu’il va chanter. Voyons comment le génie du poète a su embellir le fonds simple que fournit l’astronomie. Nonnus entre en matière, en racontant avec toutes ses circonstances l’enlèvement d’Europe par Jupiter déguisé en taureau ; et les courses du Serpentaire ou de Cadmus, à qui son père a donné ordre de chercher sa sœur à travers les mers. Toute cette aventure astronomique est poétiquement racontée : on voit Jupiter taureau sur le rivage de Tyr, la tête ornée de superbes cornes qu’il agite fièrement, tandis qu’il fait retentir l’air de ses mugissements amoureux. L’imprudente Europe lui présente des fleurs ; elle en pare sa tête ; elle ose s’asseoir sur le dos du dieu que l’Amour lui subjugue, et qui l’emporte aussitôt au milieu des flots. Europe pâlit ; effrayée, elle lève les mains aux cieux : sa robe néanmoins n’est pas mouillée par les eaux. On l’eût prise pour Thétis, pour Galathée, pour l’épouse de Neptune, et même pour Astarté ou Vénus portée sur le dos de quelque Triton. Neptune est étonné de la vue du bœuf immortel qui nage dans son empire, et un des dieux marins, qui reconnaît Jupiter sous ce travestissement, prend sa conque et entonne les chants de l’hyménée. Cependant la nouvelle épouse du maître de l’Olympe, se tenant aux cornes du taureau divin, naviguait au sein des ondes écumantes, non pas sans crainte, quoique sous les auspices de l’Amour, qui lui servait de pilote ; tandis que le souffle des vents enflait les pans de sa