Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/220

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Grecs, et qu’elle a des héros et des caractères communs avec ceux de ces poèmes que nous avons expliqués par l’astronomie. Nous allons donc faire usage de la même clef pour analyser ce poème solaire.

Le poème sur Jason n’embrasse pas toute la révolution annuelle du Soleil, comme ceux de l’Héracléide et des Dionysiaques, que nous avons expliqués ; mais il n’a pour objet qu’une de ces époques, à la vérité très-fameuse, celle où cet astre, vainqueur de l’hiver, atteint le point équinoxial du printemps, et enrichit notre hémisphère de tous les bienfaits de la végétation périodique. C’est alors que Jupiter, métamorphosé en pluie d’or, donne naissance à Persée, dont l’image est placée sur le Bélier céleste, appelé Bélier à toison d’or, dont la riche conquête est attribuée au Soleil, vainqueur des ténèbres et réparateur de la Nature.

C’est ce fait astronomique, cet unique phénomène annuel qui a été chanté dans le poème appelé Argonautique. Aussi ce fait n’entre-t-il que partiellement dans le poème solaire sur Hercule, et forme-t-il un morceau épisodique du neuvième travail, ou de celui qui répond au bélier céleste. Dans les Argonautiques, au contraire, il est un poème entier qui a un sujet unique. C’est ce poème que nous allons analyser, et dont nous ferons voir les rapports avec le Ciel, sinon dans les détails, au moins pour le fond principal que le génie de chaque poète a brodé à sa manière. La fable de Jason et des Argonautes a été traitée par plusieurs poètes, Épiménide, Orphée,