Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/250

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saires pour assoupir les redoutables taureaux. Chalciopé sort aussitôt, et court informer son fils des promesses de sa sœur. Pendant ce temps-là, Médée, restée seule dans son appartement, se livrait aux réflexions qui devaient être naturellement la suite d’un tel projet.

Il était déjà tard, et la nuit étendait son ombre épaisse sur la Terre et sur la Mer. Un silence profond régnait dans toute la Nature ; le cœur seul de Médée n’était pas tranquille, et le sommeil ne fermait pas ses paupières. Inquiète sur le sort de Jason, elle redoutait pour lui ces terribles taureaux qu’il devait atteler à la charrue, et avec lesquels on le forçait de sillonner le champ consacré à Mars.

Ces craintes et ces agitations sont assez bien décrites par le poète, qui emploie à peu près les mêmes comparaisons que Virgile lorsqu’il peint la perplexité soit d’Énée, soit de Didon. Il met dans la bouche de la jeune princesse un discours qui nous retrace l’anxiété de son âme et les irrésolutions de son esprit. Elle porte sur ses genoux la précieuse cassette qui contient ses trésors magiques ; elle la baigne de ses larmes, et fait les réflexions les plus tristes. Elle attend le retour de l’Aurore, qui vient enfin chasser les ombres de la Nuit. Argus cependant avait laissé ses frères pour attendre l’effet des promesses de Médée, et était retourné au vaisseau.

Le jour avait reparu, et la jeune princesse, occupée des soins de sa toilette, avait oublié quelque temps ses chagrins. Elle avait réparé le désordre de