Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/252

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conseille à Jason d’aller seul trouver Médée, et de s’entretenir avec elle, tandis que lui et Argus resteront à l’attendre. Médée, impatiente de voir arriver le héros, tournait ses regards inquiets du côté que devait venir Jason. Enfin il paraît à ses yeux, tel que l’astre qui annonce les ardeurs de l’été, se montre au moment où il sort du sein des flots. Ici le poète nous décrit l’impression que cette vue produit sur la princesse. Ses yeux se troublent, ses joues se colorent, ses genoux chancellent, et ses femmes, témoins de son embarras, se sont déjà éloignées. Les deux amants restent en présence, muets et interdits pendant quelque temps. Enfin Jason, prenant le premier la parole, cherche à rassurer sa pudeur alarmée, et l’invite à lui ouvrir son cœur, dans un lieu surtout qui lui impose pour elle un respect religieux.

Il lui dit qu’il est déjà informé de ses bonnes dispositions à leur égard, et des secours qu’elle a bien voulu leur promettre. Il la conjure, au nom d’Hécate, et de Jupiter qui protège les étrangers et les suppliants, de vouloir bien s’intéresser au sort d’un homme qui paraît devant elle en cette double qualité. Il l’assure d’avance de toute sa reconnaissance et de celle de ses compagnons, qui iront publier en Grèce la gloire de son nom. Il ajoute qu’elle seule peut combler les vœux de leurs mères et de leurs épouses, qui les attendent, et qui ont les yeux fixés sur les mers par où ils doivent retourner dans leur patrie. Il lui cite l’exemple d’Ariadne, qui s’intéressa au suc-