Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/270

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La première base est l’existence d’un grand désordre introduit dans le Monde par un serpent qui a invité une femme à cueillir des fruits défendus ; faute dont la suite a été la connaissance du mal que l’homme n’avait pas encore éprouvé, et qui n’a pu être réparé que par un dieu vainqueur de la mort et du prince des Ténèbres. Voilà le dogme fondamental de la religion chrétienne ; car, dans l’opinion des Chrétiens, l’incarnation du Christ n’est devenue nécessaire que parce qu’il fallait réparer le mal introduit dans l’Univers par le serpent qui séduisit la première femme et le premier homme. On ne peut séparer ces deux dogmes l’un de l’autre : point de péché, point de réparation ; point de coupable, point de réparateur. Or, cette chute du premier homme, ou cette supposition du double état de l’homme d’abord créé par le bon principe, jouissant de tous les biens qu’il verse dans le Monde, et passant ensuite sous l’empire du mauvais principe, et à un état de malheur et de dégradation dont il n’a pu être tiré que par le principe du bien et de la lumière, est une fable cosmogonique, de la nature de celles que faisaient les Mages sur Ormusd et sur Ahriman, ou plutôt elle n’est qu’une copie de celles-là. Consultons leurs livres. Nous avons déjà vu, dans le chapitre IV de cet ouvrage, comment les Mages avaient représenté le Monde sous l’emblème d’un œuf divisé en douze parties, dont six appartenaient à Ormuzd ou au dieu auteur du bien et de la lumière, et les six autres à Ahriman, auteur du mal et des ténèbres, et com-