Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/322

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celle d’Osiris et de Bacchus ; elle est moins pompeuse. Ce n’est point l’histoire d’un conquérant ni d’un roi ; c’est celle d’un jeune homme d’une rare beauté tel qu’on peignait le Soleil à l’époque du printemps. La déesse qui préside à la génération des êtres en devient éperdument amoureuse. Il lui est ravi par la mort : un énorme sanglier, dans la saison des chasses, le blesse aux sources mêmes de la fécondité. L’amant infortuné de Vénus meurt ; il descend aux enfers. On le pleure sur la Terre. La déesse des enfers, la mère de Bacchus, que celui-ci visite aussi aux enfers, le retient près d’elle pendant six mois. Mais au bout de six mois il est rendu à la vie et à son amante, qui en jouit aussi pendant six mois, pour le perdre encore et le retrouver ensuite. La même tristesse et la même joie se succédaient et se renouvelaient tous les ans. Tous les auteurs qui ont parlé de cette fable sacrée se sont accordés à voir dans Adonis, le Soleil ; dans sa mort, son éloignement de nos climats ; dans son séjour aux enfers, les six mois qu’il passe dans l’hémisphère inférieur, séjour des longues nuits ; dans son retour à la lumière, son passage à l’hémisphère supérieur, où il reste également six mois, tandis que la Terre est riante et parée de toutes les grâces que lui donnent la végétation et la déesse qui préside à la génération des êtres.

C’est ainsi que Macrobe a entendu cette fable, et son explication n’a besoin que d’être complétée par des positions astronomiques que nous donnons dans notre grand ouvrage, à l’article Adonis et Vénus.