Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du reste, ce savant a très bien vu que cette fiction, comme celles d’Osiris et d’Atys, auxquelles il l’assimile, n’avait d’autre objet que le Soleil et sa marche progressive dans le zodiaque, comparée à l’état de la Terre dans les deux grandes époques du mouvement de cet astre, soit celui qui le rapproche de nos climats, soit celui qui l’en éloigne. Ce phénomène annuel fut le sujet de chants lugubres et de chants de joie qui se succédaient, et de cérémonies religieuses dans lesquelles on pleurait la mort du dieu Soleil, Adonis, et où ensuite on chantait son retour à la vie ou sa résurrection. On lui dressait un superbe lit à côté de la déesse de la génération et du printemps, de la mère des Amours et des Grâces. On préparait des corbeilles de fleurs, des essences, des gâteaux, des fruits pour les lui offrir, c’est-à-dire, les prémices de tous les biens que le Soleil fait éclore. On l’invitait par des chants à se rendre aux vœux des mortels. Mais avant de chanter son retour à la vie, on célébrait des fêtes lugubres en honneur de ses souffrances et de sa mort. Il avait ses initiés qui allaient pleurer à son tombeau, et qui partageaient la douleur de Vénus, et ensuite sa joie. La fête du retour à la vie était, suivant Corsini, fixée au 25 de Mars ou au 8 avant les calendes d’avril.

On faisait à Alexandrie, avec beaucoup de pompe, les funérailles d’Adonis, dont on portait solennellement l’image à un tombeau qui servait à lui rendre les derniers honneurs. On les célébrait aussi à Athènes. Plutarque, dans la vie d’Alcibiade et de Nicias,