Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/324

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nous dit que c’était au moment de la célébration de la mort d’Adonis que la flotte athénienne appareilla pour sa malheureuse expédition de Sicile ; qu’on ne rencontrait dans les rues que des images d’Adonis mort, et que l’on portait à la sépulture, au milieu d’un cortège nombreux de femmes qui pleuraient, se frappaient la poitrine, et imitaient en tout la triste pompe des enterrements. On en tira des pronostics sinistres, que l’événement ne réalisa que trop. Les femmes d’Argos (car ce sont partout les femmes qui sont l’appui des superstitions) allaient, comme Marthe et Marie, pleurer la mort d’Adonis, et cette cérémonie lugubre avait lieu dans une chapelle du dieu sauveur ou du dieu Agneau, ou Bélier, Jupiter, invoqué sous le nom de Sauveur.

Procope et saint Cyrille parlent aussi de ces fêtes lugubres célébrées en honneur de la mort d’Adonis, et des fêtes de joie qui leur succédaient à l’occasion de sa résurrection. On y pleurait l’amant de Vénus ; l’on montrait la large blessure qu’il avait reçue, comme l’on montrait la plaie faite à Christ par le coup de lance. C’est à l’aide de ces fictions, et de la pompe qui retraçait tous les ans la malheureuse aventure d’Adonis, qu’on cherchait à en persuader au peuple la réalité ; car on s’accoutume à croire comme des faits vrais des aventures supposées, quand une foule de récits et de monuments semblent en attester l’existence. Néanmoins, malgré ces légendes sacrées, malgré le prestige des cérémonies qui tendaient à faire croire qu’Adonis avait été un homme existant,