Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/333

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lui disait : « Admire le maître de l’Univers ; il est un ; il existe partout. »

C’est une vérité reconnue par Eusèbe, Augustin, Lactance, Justin, Athénagore, et par une foule d’autres écrivains apologistes du Christianisme, que le dogme de l’unité de Dieu était reçu chez les anciens philosophes, et qu’il faisait la base de la religion d’Orphée et de tous les mystères des Grecs.

Je sais que les Chrétiens nous diront que les philosophes anciens, qui existaient bien des siècles avant l’établissement du Christianisme, tenaient ces dogmes de la révélation faite aux premiers hommes. Mais outre que la révélation est une absurdité, je réponds qu’il n’est pas besoin d’avoir recours à cette machine surnaturelle quand on connaît la série des abstractions philosophiques qui ont conduit les Anciens à reconnaître l’unité d’un premier principe, et quand ils nous donnent eux-mêmes les motifs qui les ont déterminés à admettre la monade ou l’unité première. Ces motifs sont simples ; ils naissent de la nature des opérations de notre esprit et de la forme sous laquelle l’action universelle du grand tout se présente à nous.

La correspondance de toutes les parties du Monde entre elles, et leur tendance vers un centre commun de mouvement et de vie, qui semble entretenir son harmonie et en produire l’accord, ont conduit les hommes, qui regardaient le grand tout comme un immense dieu, à admettre son unité, ne concevant rien hors l’assemblage de tous les êtres, ou hors le