Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/337

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qui créèrent un Monde abstrait ou idéal, et un dieu également abstrait ou séparé du Monde, et par qui le Monde avait été créé d’après un modèle éternel, raisonnèrent de même sur le dieu cause de l’Univers ; car le Monde matériel a toujours fourni le type du Monde intellectuel, et c’est d’après ce que l’homme voit, qu’il crée ses opinions sur ce qu’il ne voit pas. Le dogme de l’unité de Dieu, même chez les Chrétiens, prend donc sa source dans des raisonnements purement humains ; et qui ont été faits bien des siècles avant qu’il y eût des Chrétiens, comme on peut le voir dans Pythagore, dans Platon et chez leurs disciples. Il en est de même de leur triade ou trinité, c’est-à-dire, de la sous-division de la cause première en intelligence ou sagesse divine, et en esprit ou vie universelle du Monde.

Il est à propos de rappeler ici ce que nous avons dit dans notre chapitre quatrième, sur l’âme ou sur la vie du Monde, et sur son intelligence : c’est de ce dogme philosophique qu’est éclose la trinité des Chrétiens. L’homme fut comparé à l’Univers, et l’Univers à l’homme ; et comme on appela l’homme le microcosme ou le petit Monde, on fit du Monde un Géant immense, qui renfermait en grand et comme dans sa source, ce que l’homme avait en petit et par émanation. On remarqua qu’il y avait dans l’homme un principe de mouvement et de vie, qui lui était commun avec les autres animaux. Ce principe se manifestait par le souffle, en latin, spiritus, ou l’esprit. Outre ce premier principe, il en existait un