Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/389

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Le Tchen-Yu, chef des Tartares, rassemblait son peuple auprès d’un bois, et là ils sacrifiaient au dieu tutélaire des champs et des grains, en tournant autour du bois. Tcham-Tçoum, après une longue sécheresse, fait des sacrifices pour obtenir de la pluie. Les Grecs et les Romains invoquaient Jupiter pluvieux.

Les Tartares Manchoux sacrifient au Ciel à la moindre épidémie qui menace leurs chevaux. Dans les sacrifices que Kublai-Kan faisait aux dieux, il répandait par terre des vases pleins de lait de cavale, dans l’idée que les dieux venaient le boire, et que cette offrande les engageait à prendre soin des troupeaux. Ce sont là, dira-t-on encore, des superstitions. Mais est-il une seule religion qui n’ait des superstitions à peu près équivalentes, et qui ne se soutienne principalement par-là dans l’esprit du peuple ? N’est-ce pas une superstition, que celle qui fait croire à des millions d’hommes que la Divinité passe dans un pain à cacheter lorsqu’on a prononcé dessus quelques paroles mystiques ? Ce que le philosophe appelle superstition, le prêtre le nomme acte religieux, et en fait la base de son culte. N’est-ce pas le prêtre qui entretient toutes les superstitions les plus absurdes, parce qu’elles sont lucratives, et qu’elles tiennent le peuple dans sa dépendance, en rendant son ministère nécessaire presque dans tous les instants de notre vie ? Car ce ne sont point des mœurs et des vertus que le peuple va demander au prêtre, ce sont des bénédictions, des prières et des secours pour ses différents besoins, et le prêtre a des remèdes pour tout. Il suffit,