Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/400

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sance plutôt que l’intérêt qui les dresse ; mais qu’il sache que Dieu n’a pas besoin d’encens ni de la graisse des taureaux. Que l’homme contemple avec admiration la Nature, mais qu’il ne se flatte pas qu’elle change jamais pour lui ses lois ; et néanmoins c’est là ce que lui promettent ceux qui lui persuadent que, par des vœux et des prières, il réussira à obtenir les biens qu’il peut désirer, et à écarter les maux qu’il doit craindre. Voilà le grand crime dont se sont rendus coupables envers les sociétés, ceux qui les premiers ont répandu cette fausse doctrine, et qui, par des institutions religieuses et politiques, l’ont accréditée, au point qu’il n’est aujourd’hui ni facile ni sûr d’en désabuser les hommes. Il faut, répète-t-on tous les jours, une religion au peuple, et par religion on entend celle qui a des prêtres, des ministres, des temples, des autels, des formules de prières, et qui berce l’homme de fausses espérances, en lui persuadant que la Divinité l’écoute, et qu’elle est prête à voler à son secours pour peu qu’il sache la prier. C’est cette religion qui, dit-on, console l’homme dans ses malheurs et nourrit son espoir ; il est barbare de lui arracher une consolation que le prêtre lui offre dans tous ses maux, et de le livrer seul, sans appui que lui-même et ses semblables, à la Nature qui l’a fait et le maîtrise. Eh ! Qu’importe qu’il prie ou qu’il dorme ? La Nature fera son ouvrage. Le prêtre seul y perdra si on ne l’emploie plus. C’est à sa charrue et à ses engrais que doit avoir recours l’agriculteur s’il veut obtenir de riches moissons. Voilà toute la magie