Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/402

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qui donne de la pluie quand on lui en demande ; d’un Esculape, qui guérisse quand on va dormir dans son temple ; d’un dieu Pan, qui veille à la conservation des troupeaux ; d’une sainte Geneviève, qui accorde de la pluie ou du beau temps ; et cependant voilà pour le peuple, non pas l’abus, mais le corps même de la religion ; voilà ce qui en est la partie la plus importante ; car on ne voit pas de religion là où il n’y a plus de culte, et l’on ne conçoit pas de culte, s’il ne lie la Terre au Ciel par le commerce des prières et des secours. Voilà le fond de toutes les religions. C’est là cette religion qui se reproduit partout, et que je soutiens être au moins inutile à l’homme ; c’est celle-là qui a procuré d’immenses richesses et une si énorme puissance aux prêtres de tous les pays, qui a couvert le globe de temples et d’autels, qui a engendré toutes les superstitions, qui déshonorent l’espèce humaine. C’est celle-là qu’un philosophe ne peut attaquer encore aujourd’hui sans passer pour un homme sans probité et sans mœurs, et sans redouter la proscription. Mais, loin de séparer ces deux idées, c’est-à-dire, la religion qui donne des secours de celle qui donne des mœurs, on a toléré et même fortifié la première avec toutes ses superstitions, dans la crainte de détruire l’opinion de l’existence d’un dieu qui punit et récompense, et celle de sa surveillance sur toutes les actions des hommes. On a voulu que Dieu, non-seulement s’occupât de tous nos besoins, mais encore qu’il épiât toutes nos démarches, et qu’il se chargeât de récompenser ou de punir tous les actes