Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/414

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les avoue. C’est moins là de la science que du bon sens, et le peuple en a souvent plus que ceux qui se targuent de philosophie. La Nature a placé loin de nous la science ; les routes qui y conduisent sont difficiles ; aussi est-elle inutile au grand nombre. La vertu est nécessaire à tous, et la Nature en a gravé les premiers principes dans nos cœurs. C’est à une éducation sage et soignée, qui malheureusement nous manque et nous manquera longtemps ; c’est aux bonnes lois, aux institutions publiques à en favoriser le développement : voilà toute la magie d’un gouvernement éclairé. Nous désespérons à tort des succès de la raison ; à tort nous la regardons comme un moyen insuffisant pour conduire les hommes, et cela avant qu’on ait jamais mis en œuvre cet unique moyen. La chose mériterait au moins d’être une fois tentée avant de prononcer aussi hardiment que la raison a peu d’empire sur le peuple, que c’est à l’illusion et au prestige qu’appartient le privilège de le bien conduire. Les grands maux auxquels ont donné et donneront encore longtemps lieu ces dangereux ressorts, devraient nous rendre infiniment plus circonspects dans nos décisions. L’imposture et l’erreur ont été souvent funestes à l’humanité, et jamais la raison ne l’a été à ceux qui l’ont prise pour règle de leurs jugements et de leur conduite. Les législateurs anciens, et tous ceux qui comme eux ont voulu que la morale et la législation s’appuyassent sur le fantôme bizarre des religions, ont étrangement calomnié la Divinité, et commis un grand attentat contre les so-