Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/415

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ciétés quand ils ont établi en maxime politique cette dangereuse erreur, que la Divinité, en douant l’homme de la raison, ne lui avait donné qu’un moyen très insuffisant pour se conduire, et qu’il fallait un autre lien aux sociétés ; qu’il importait de faire encore parler les dieux, et de leur faire tenir le langage qu’il plairait aux législateurs de leur prêter. Ils auraient dû au contraire instruire les hommes les plus susceptibles d’éducation et de philosophie, et par l’exemple de ceux-ci former les mœurs des hommes les plus grossiers. Une génération instruite aurait donné naissance à une génération plus instruite encore, et le flambeau de la raison, acquérant un nouvel éclat en parcourant les siècles, ne se serait jamais éteint. Les législateurs n’auraient plus eu rien à faire pour perfectionner notre espèce, et ils auraient atteint le dernier terme de civilisation et de morale auquel l’homme puisse s’élever ; au lieu qu’ils sont restés bien en-deçà de ce but, et ils nous ont placés sur une pente rapide vers la dégradation des mœurs, que la révolution achèvera de précipiter si l’on n’y prend garde. Tout est aujourd’hui à refaire en politique et en morale ; car nous n’avons encore rien que des ruines. Il n’a fallu que de la force pour détruire ; il faut de la sagesse pour réédifier, et nous en manquons. L’embarras où nous sommes vient de ce que jusqu’ici on avait mis au nombre des moyens de gouverner, l’imposture des chefs et l’ignorance des peuples, et l’art de corrompre et d’avilir l’homme, qui est le grand secret de tous les gouvernants. C’est ainsi que la rai-