Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/416

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son des sociétés a vu sa lumière s’éteindre dans l’obscurité des sanctuaires où tout était préparé pour la détruire, et pour établir sur ses débris l’empire des illusions et des fantômes sacrés. Telle fut l’origine et le but des légendes religieuses, des fictions sacerdotales sur les grandes catastrophes qui bouleversent le Monde, sur le paradis et l’enfer, sur le jugement des dieux, et de toutes les autres fables faites pour effrayer les hommes, et qu’on chercha à accréditer par tous les moyens que la législation avait en son pouvoir, par les charmes de la poésie, souvent même dans des romans philosophiques, et surtout par l’appareil imposant des mystères.

Rien n’a été épargné pour corrompre notre raison, sous le spécieux prétexte de fortifier les lois et la morale. C’est à l’aide de grandes institutions qu’on est venu à bout de dégrader l’homme par la servitude des opinions, plus humiliante que celle qui le lie à la glèbe. C’est par des institutions contraires que nous devons les régénérer. Il est digne d’une grande nation telle que la nôtre de tenter aussi cette révolution dans le système politique et législatif du Monde. Mais qu’il s’en faut beaucoup que nous prenions la route qui pourrait nous conduire à d’aussi heureux résultats ! Tout semble au contraire nous présager un prompt retour vers la servitude, à laquelle nos vices nous rendront, et au devant de laquelle déjà une foule d’hommes se précipitent, si nous ne nous hâtons d’opposer au torrent qui nous entraîne, une bonne éducation et de grands exemples d’une morale