Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/427

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tretenir avec d’autres qu’avec les initiés, et la peine de mort était portée contre celui qui l’aurait trahi par une indiscrétion, ou qui serait entré dans le temple où se célébraient les mystères s’il n’était initié.

Aristote fut accusé d’impiété par l’hiérophante Eurymédon, pour avoir sacrifié aux mânes de sa femme, suivant le rite usité dans le culte de Cérès. Ce philosophe fut obligé de se retirer à Chalcis ; et pour laver sa mémoire de cette tache, il ordonna par son testament, d’élever une statue à Cérès ; car le sage tôt ou tard finit par sacrifier aux préjugés des sots. Socrate voue, en mourant, un coq à Esculape, pour se disculper du reproche d’athéisme, et Buffon se confesse à un capucin ; il voulait être enterré pompeusement ; c’est le talon d’Achille pour les plus grands hommes. On craint la persécution, et on plie le genou devant les tyrans de la raison humaine. Voltaire est mort plus grand : aussi la France libre l’a mis au panthéon ; et Buffon, qui a été porté à Saint-Médard, n’en est sorti que pour être déposé dans sa terre, et doit y rester. Eschyle fut accusé d’avoir mis sur la scène des sujets mystérieux, et il ne put être absous qu’en prouvant qu’il n’avait jamais été initié. La tête de Diagoras fut mise à prix pour avoir divulgué le secret des mystères : sa philosophie pensa lui coûter la vie. Eh ! quel homme, en effet, peut être impunément philosophe au milieu d’hommes saisis du délire religieux ! Il y a autant de danger à contrarier de tels hommes, qu’il y en a d’irriter les tigres. Aussi l’évê-