Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/433

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a peu d’éclat, et la fortune suivait le plus souvent l’audace et le crime. Il fallait justifier les dieux et absoudre leur justice du reproche. On supposa, soit un péché originel, soit une vie antérieure pour expliquer ce désordre ; mais le plus généralement on imagina une vie à venir, où la Divinité se réservait de mettre tout à sa place, et de punir le vice qui aurait échappé sur la Terre au châtiment, et de couronner la vertu qui serait restée ignorée ou avilie et sans récompense. Ainsi la Convention a reconnu l’immortalité de l’âme ? sans qu’on soit jusqu’ici d’accord sur cette question : Qu’est-ce que l’âme ? Est-elle distinguée du corps ? Est-elle matière ? Existe-t-il autre chose que de la matière ? La matière peut-elle penser ? Un seul décret a tranché toutes ces difficultés, parce qu’on l’a cru utile à la morale et à la législation sous Robespierre même, qui voulait aussi de la morale, comme nos prêtres cruels en veulent également. Ce dogme semblait être le lien de tout ordre social, et justifier la providence divine, qui, retranchée dans la vie à venir, y attend les morts. Pour donner de la vraisemblance à cette fiction, les anciens cherchèrent d’abord à établir en fait qu’il existait dans l’homme, outre le corps mortel, un principe pensant qui était immortel ; que ce principe, appelé âme, survivait au corps, quoique rien de tout cela n’ait jamais été prouvé. Ce dogme de l’immortalité de l’âme, né du besoin de la législation, se fonda sur sa matérialité et sur l’éternité de la matière.

Nous avons déjà vu dans notre chapitre troisième