Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/466

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eux les avantages et les inconvénients de ces fictions sacrées, des institutions religieuses en général, et en particulier de celle des Chrétiens, et de voir si ce sont les sociétés ou les prêtres qui y ont le plus gagné. Nous sommes déjà convenus que le but des initiations en général était bon, et que l’imposture qui créa la fable du paradis et de l’enfer pour les sots, si elle eût toujours été dirigée par des hommes sages et vertueux, autant qu’un imposteur peut l’être, au lieu d’être toujours employée par des fripons avides de puissance et de richesses, pourrait être jusqu’à un certain point tolérée par ceux qui, contre mon opinion, croient qu’on peut tromper pour être plus utile. C’est ainsi qu’on pardonne quelquefois à une mère tendre de préserver son enfant d’un danger réel, en lui inspirant des frayeurs chimériques, en le menaçant du loup pour le rendre plus docile à ses leçons et pour l’empêcher de se faire du mal, quoique après tout il eût encore mieux valu le surveiller, le récompenser ou le punir, que d’imprimer dans son âme des terreurs paniques qui le rendent par la suite timide et crédule. Ceux qui admettent les peines et les récompenses futures se fondent sur ce que Dieu étant juste, il doit récompenser la vertu et punir le crime, et ils laissent aux prêtres à décider ce qui est vertu et ce qui est crime. C’est donc la morale des prêtres que Dieu est chargé de maintenir, et l’on sait combien elle est absurde et atroce. Si Dieu ne doit punir et récompenser que ce qui est contraire ou conforme à la morale naturelle, alors c’est la religion naturelle